Officier
Gagner du galon : l’expression est passée en langage courant alors qu’elle évoque au départ la montée en grade d’un militaire. La prestance de l’officier est légendaire, son autorité et son ardeur au combat aussi. Il est indispensable dans un pays trop souvent en guerre.
Il faut de la noblesse ou des sous...Jusqu’au XVème siècle, la noblesse assure à elle seule la défense du pays et la charge de tous les postes d’officiers. Les gens du peuple ne peuvent être que soldats. Mais une poussée du tiers état commence ensuite à s’orienter vers les charges militaires. La classe privilégiée n’étant plus assez nombreuse pour fournir à l’armée tous les officiers nécessaires, une ordonnance de 1629 décrète que : "le soldat, par ses services, pourra monter aux charges et aux offices des compagnies, de degré en degré, jusqu’à celle de capitaine et plus avant s’il s’en rend digne". Peu à peu, les grades s’achètent, au même titre que les offices. Il suffit, vers 1760, d’avoir mille écus pour acquérir une lieutenance et deux mille pour une compagnie.
Les officiers de fortune se font raresAu XVIIIème siècle, se multiplient les abus, les empiètements de la classe bourgeoise aisée et la frustration des gentilhommes pauvres ne pouvant obtenir de poste d’officier "depuis que s’est établi l’usage honteux" de vendre tous les emplois. Bientôt des réformes commencent à apparaître. Une ordonnance de 1775 ordonne que nul ne peut être admis comme sous-lieutenant "qu’il n’ait prouvé deux cents ans de noblesse devant le généalogiste de la cour".
La véritable hiérarchie des officiers redevient celle de la naissance : en tête arrive la noblesse de cour, celle qui peut prouver une filiation noble remontant jusqu’en l’an 1400 ; ensuite la masse des gentilhommes de province (quatre générations de noblesse au moins) ; ensuite les anoblis et les roturiers ayant commencé leur carrière avant ces décisions royales ; enfin, les quelques officiers, peu nombreux, qui sont roturiers mais ont fini par gagner l’épaulette en passant par le rang et en gravissant un à un les échelons qui séparent les soldats des officiers. On appelle cette dernière catégorie les officiers de fortune.
En 1788, les conditions se durcissent encore : les non-nobles ne peuvent dépasser le grade de lieutenant en temps de paix. Celui de capitaine peut leur être accordé en temps de guerre, mais avec une marque particulière sur l’uniforme distinguant ces officiers des autres.
C’est la Révolution !Arrive la Révolution. Pendant quelques mois, les nouveaux capitaines sont tout bonnement choisis et élus par leurs troupes ! À moins que n’interviennent des décisions de nominations toutes politiques, des choix guidés par les représentants du peuple et le comité de Salut public. Puis, c’est la valeur au combat et les qualités de meneur d’hommes qui l’emportent. On devient officier si l’on en montre les capacités.
À partir du XIXème siècle, l’armée change complètement : on trouve un système semblable à celui que nous connaissons aujourd’hui. Des écoles de formation d’officiers ou de sous-officiers sont créées par Napoléon, dont l’École polytechnique est le plus bel exemple.
Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Les métiers d’autrefois, de Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean, Archives et Culture.
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