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 "le fils d'astérix" : le village gaulois

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Magnésia
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MessageSujet: "le fils d'astérix" : le village gaulois   "le fils d'astérix" : le village gaulois Icon_minitimeDim 28 Jan - 18:42

Pour vérifier l’authenticité du village gaulois, il faut savoir préalablement où il se trouve. Malheureusement, on ne peut pas indiquer sa position exacte car dans toutes les cartes, il est regardé avec une loupe. Il est probablement situé au nord de cette péninsule que l’on appelle aujourd’hui la Bretagne et qui portait à l’Antiquité le nom « Armorique ».
Selon César, c’était le peuple vénétien qui dominait dans cette région. Est-il donc possible qu’Astérix et ses amis fassent partie des Vénètes? Les historiens ne le pensent pas parce que cette tribu menait une vie complètement différente de celle de nos Gaulois. Les Vénètes étaient marins, leur métier étant le commerce avec la Grande-Bretagne. Ils habitaient des villes difficiles d’accès aussi bien par mer que par terre et ne s’occupaient guère d’agriculture. Bref, Astérix et les siens n’appartiennent pas aux Vénètes. Mais n’y avait-il pas de gens semblables à eux en Armorique? C’est encore une fois César qui répond à cette question: il y en avait beaucoup. Tout le long de la côte, on trouvait des Gaulois qui vivaient dans des villages sans trop s’intéresser à la mer. Par conséquent, la tribu d’Abraracourcix aurait pu exister comme décrite dans les albums de BD.
Village historique ou non, un problème grave subsiste: Comment ses habitants gagnaient-ils leur vie? Obélix travaille en tant que fournisseur de menhirs, c’est vrai, mais un village d’une douzaine de maisons ne constitue pas un marché suffisamment grand pour un produit qui vit aussi longtemps qu’un mégalithe. Cétautomatix exerce le métier de forgeron, mais apparemment, il passe plus de temps à empêcher Assurancetourix, le barde, de chanter qu’à forger. Au cours de tout l’album « Le fils d’Astérix », le lecteur ne le voit jamais derrière son enclume. Son adversaire dans beaucoup de bagarres, le marchand Ordralfabétix, vend parfois quelques poissons, la plupart de son stock reste invendue ou est jetée au visage de quelqu’un. Il est donc peu probable qu’Ordralfabétix gagne assez d’argent pour payer l’achat et le transport de sa marchandise. Ses poissons lui coûtent chers parce qu’ils ne viennent pas de la mer près du village, mais de Lutèce. C’est un villageois moins connu, Déboitemenduménix, qui nous montre la base de la subsistance d’Astérix et ses amis, l’agriculture. Les villageois qui n’ont pas de profession manifeste travaillent en tant que paysans.
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MessageSujet: "le fils d'astérix" : les habitants   "le fils d'astérix" : le village gaulois Icon_minitimeDim 28 Jan - 18:43

Astérix
C’est Astérix qui joue le rôle du personnage principal dans cette BD, son nom le révèle. « Astérix » vient du mot « astérisque » qui veut dire « petite étoile ». Le mot anglais employé pour une vedette, « star », signifie, au sens propre, « étoile ». Astérix est donc la vedette de ces albums et son nom n’est qu’un jeu de mots. Pourquoi Astérix sonne-t-il néanmoins gaulois? Goscinny et Uderzo, les auteurs, ont trouvé une méthode très simple pour atteindre ce but, l’emploi du suffixe -ix. Comme pour beaucoup de Gaulois dont on connaît les noms, par exemple Vercingétorix, Dumnorix ou Orgétorix; ainsi il paraît plausible de supposer que tous les Gaulois portaient des noms analogues.
Quant aux vêtements et aux armes d’Astérix, on ne peut pas les qualifier catégoriquement. Il faut les traiter cas par cas. Premièrement, il porte un casque orné de deux ailes. Alors que le port de casques de fer était courant à cette époque, personne ne mentionne des casques ailés. Toutefois, cela ne signifie pas qu’il n’y en avait pas. Beaucoup de Gaulois paraient leurs coiffures avec des cornes ou les ornementaient avec des images d’oiseaux ou d’autres animaux. Donc l’existence d’un casque comme celui d’Astérix ne peut pas être exclue. Cependant les auteurs l’ont créé en s’inspirant de l’empaquetage des cigarettes de la marque « Gauloises ». La coiffe d’Astérix introduit un symbole national permettant aux Français de s’identifier avec « leurs ancêtres, les Gaulois ».
En ce qui concerne la chemise de notre héros, il est à noter que ses modèles historiques en portaient une aussi. Mais la sienne et les leurs diffèrent en plusieurs points. Par exemple, les chemises antiques disposaient de manches, contrairement à celle d’Astérix. On les ornait aussi de carreaux et de raies de couleurs variées, tandis que celle d’Astérix n’est pas du tout colorée. Mais ses vêtements ont aussi des éléments authentiques, notamment le pantalon et la ceinture. Enfin, son épée correspond à celles des Gaulois de cette époque. Sa longueur pas impressionnante la rend même plus authentique. Si l’on en croit l’écrivain grec Strabon, auteur contemporain de cette période, l’armement gaulois était accomodé à la taille de son porteur. Donc, l’arme de notre héros a la taille parfaitement appropriée.

Obélix
Continuons par Obélix, la moitié la plus grande du couple inséparable qui constitue le centre de ces aventures. Le nom de ce fournisseur de menhirs, inventé comme tous les autres noms gaulois dans cette BD, vient de l’obélisque, une colonne longue avec laquelle on décorait les monuments de l’Égypte ancienne. Il y a deux possibilités pour interpréter « Obélix ». Premièrement, le nom pourrait faire allusion à la stature de son porteur. Deuxièmement, il pourrait renvoyer aux menhirs que son porteur produit et vend. Quoi qu’il en soit, le mot grec « obelos » laisse imaginer encore une autre relation entre le gros mangeur de sangliers et son nom. Signifiant « broche », il renvoie à son plat favori, le sanglier grillé.
Obélix exerce le métier de fournisseur de menhirs. Comme on a longtemps associé les mégalithes aux Gaulois, cette profession ne semble pas trop absurde au lecteur. Mais en vérité les menhirs ne sont pas l’œuvre de ce peuple-là. Ces monuments de pierre ont été érigés – facile à deviner – à l’âge de la pierre, dans un passé aussi éloigné d’Obélix que son époque de la nôtre. L’idée de placer un fournisseur de menhirs dans un village gaulois ne constitue donc qu’une plaisanterie.
Si le menhir ne peut pas être lié à Obélix, il n’en va pas de même pour son deuxième compagnon irremplaçable, son chien Idéfix. Les historiens ont découvert que les Gaulois possédaient des bichons qui ressemblaient au moins un peu au chien en question. En Belgique, on a trouvé une statuette qui confirme l’existence d’animaux domestiques comme Idéfix. Son nom vient de l’idée fixe et a été créé dans le cadre d’un concours du magazine « Pilote » dans lequel on prépubliait les aventures d’Astérix entre 1959 et 1973. Le nom a été proposé par Hervé Ambroise, Dominique et Anne Boucard et Rémi Dujat qui ont gagné des albums signés par les auteurs.
Le rasage d’Obélix à la page 6 constitue un autre détail curieux. Etonnamment, Uderzo a dessiné cette action de manière presque authentique. Le couteau dont le Gaulois se sert ressemble minutieusement à ceux que les archéologues ont trouvés dans des villages celtiques. Le résultat de son rasage satisfait les historiens aussi. Selon Poseidonios, un auteur antique d’origine grecque, les compatriotes d’Obélix, surtout les nobles, se rasaient les joues tout en laissant pousser une moustache qui couvrait souvent la bouche. Pour mieux voir ce qu’ils faisaient, ils utilisaient des miroirs métalliques, soit un bouclier poli (les hommes), soit des miroirs à main ornés (les femmes). Le gaulois en question emploie le fond d’une poêle. Pourtant une difference subsiste entre la fiction et la réalité historique: Les Gaulois de 50 avant Jésus-Christ ne connaissaient pas le savon à barbe.
Bien sûr, il faut se pencher sur l’apparence physique d’Obélix en dehors de sa moustache. Les écrivains anciens témoignent de la taille et de la force extraordinaire des Gaulois. Apparemment, Obélix correspond à ces descriptions. Mais ils disent de même que les hommes de ce peuple tenaient beaucoup à ne pas devenir corpulents. Cela explique pourquoi notre fournisseur de menhirs déclare avec insistance: « Je ne suis pas gros. » Quant à ses vêtements, le casque, le pantalon et la ceinture, ils auraient pu également être portés par un Gaulois historique. Seulement le manteau manque, mais la plupart des villageois y renonçait.
N’oublions pas son plat préféré, le sanglier grillé. Cette préférence le distingue de ses compatriotes historiques qui, étant des paysans, mangaient plutôt du porc. Ils servaient même des poissons, une idée absurde pour Obélix. Sans doute les achetaient-ils ailleurs que chez Ordralfabétix. Pourtant, le sanglier jouait un certain rôle dans la culture celtique de l’époque comme symbole de force et de puissance. C’est pourquoi on a retrouvé beaucoup d’images et de statuettes de cet animal-là. Mais ces chefs-d’œuvre de l’artisanat n’auraient pas pu consoler notre Gaulois un peu enveloppé car ils sont immangeables.

Panoramix, le druide
Un autre personnage important dans le village, c’est Panoramix, le druide. Loin d’être authentiquement gaulois, son nom n’est pas sans signification comme beaucoup d’autres dans le monde d’Astérix. Le nom Panoramix vient du mot « panoramique » qui veut dire « permettant une grande visibilité ». Curieusement, on peut traduire l’appellation celtique « druide » par « le très-voyant ». Pour utiliser un terme linguistique, on emploie une tautologie quand on dit « Panoramix, le druide ».
Les vêtements et les instruments du druide ressemblent fortement à ceux des druides historiques. Selon Pline, un prêtre celtique ne portait pas de pantalon comme les autres Gaulois, mais un vêtement long et blanc. En regardant Panoramix, on voit qu’il s’habille comme s’il avait lu cet auteur. Quant à sa barbe blanche, les auteurs d’Astérix suivent plutôt la tradition française qui a toujours imaginé les druides comme de vieux hommes barbus. En plus, la barbe donne à Panoramix l’apparence d’un savant.
Ses instruments sont d’origine historique. Le premier, la serpe d’or avec laquelle il coupe le gui, l’ingrédient principal de la potion magique, est un outil qu’on trouve aussi dans Pline. Le deuxième, le chaudron dans lequel il prépare ses potions, ressemble à ceux que les archéologues ont retrouvés. Les gaulois les utilisaient pour faire la cuisine et aussi pour des besoins rituels. Apparemment, le druide emploie un chaudron de cuisine parce que les autres étaient, contrairement à celui de notre druide, précieusement ornementés.
Le respect des villageois pour Panoramix dépasse même celui qu’ils ressentent pour Abraracourcix, leur chef. Poseidonios, l’auteur grec qui a voyagé en Gaule à l’époque d’Astérix, décrit déjà cette estime pour les druides. Selon lui, ils représentent dans la société celtique une classe privilégiée. Leur énorme autorité leur permettait, par exemple, d’arrêter deux armées en train de commencer une bataille. Le druide, seul, s’interposait et les empêchait ainsi de lutter. Faut-il s’étonner que les habitants du village tiennent beaucoup à l’opinion de Panoramix?
Sa sagesse ne constitue pas son seul avantage. Nos Gaulois profitent également de sa potion magique. Bien sûr, il n’en existe pas une qui donne des forces surhumaines et il n’y en avait pas en 50 avant Jésus-Christ non plus. Mais les druides en fait utilisaient le gui pour faire des potions curatives. Avec elles, on traitait des animaux inféconds ou guérissait des intoxications. Peut-être que Goscinny, le scénariste malheureusement trop tôt décédé d’Astérix, s’est référé à un texte de Pline qui dépeint ces potions faites de gui pour décrire le travail de son druide.

Abraracourcix, le chef de la tribu
Le nom d’Abraracourcix, le chef de la tribu, vient de la locution « frapper à bras raccourcis » et explique donc sa façon de résoudre un problème. Contrairement à Astérix qui se sert souvent d’astuces, son chef préfère les coups de poing pour clarifier une situation embrouillée. Pourtant (ou pour cette raison?), les villageois l’acceptent en tant que supérieur.
Abraracourcix habite une maison représentative dont la porte est decorée par deux boucliers et la tête d’un bœuf. Existe-t-il une preuve pour une décoration pareille? Oui et non. Les Gaulois utilisaient en fait ces moyens d’ornementation. Mais on les trouvait surtout dans leurs temples. Les maisons étaient décorées de manière semblable, mais on y préférait les têtes des ennemis vaincus! Faut-il s’étonner que les auteurs ne fassent pas de copie exacte de cet aspect de la culture gauloise?
L’accessoire indispensable du chef, le bouclier arverne, possède quelques modèles bien renommés. On portait sur un pavois des personnages importants, par exemple l’empereur romain Julien et le roi franc Clovis. Tacite même témoigne d’un autre leader qui a du mal à garder l’équilibre sur son bouclier comme Abraracourcix. Le Gaulois Brinno, devenu chef de sa tribu, était élevé sur un pavois et vacillait de côté et d’autre pour ne pas tomber par terre. Donc le port sur un bouclier et le pouvoir étaient étroitement liés. Les historiens ignorent si l’on utilisait les pavois aussi en tant que partie d’une sorte de trône comme Abraracourcix le fait. Mais il est bien possible que tous ces sièges aient été détruits pendant les deux derniers millénaires, surtout s’ils étaient en bois, un matériau qui pourrit très vite. Par conséquent, on ne peut pas exclure définitivement leur existence.
Le signe du pouvoir nous mène au pouvoir lui-même. Pourquoi Abraracourcix est-il le chef du village? Une anecdote d’Albert Uderzo répond à cette question: Il occupe cette position parce que son père l’occupait avant lui. On trouve une telle succession dans beaucoup de tribus gauloises. Moritasgus, par exemple, régnait sur les Sénones comme ses ancêtres. Mais il y a aussi des chefs qui devaient leur fonction aux votes de leurs subordonnés. Deux fois dans les albums d’Astérix, de telles élections ont lieu. Abraracourcix en perd une contre sa femme Bonemine. Pourtant normalement on l’accepte en tant que chef sans trop y réfléchir. D’autres tribus traitaient cette question de manière différente. Les Éduens, par exemple, organisaient des élections annuelles.

Assurancetourix, le barde
En général, le barde jouait un rôle important pour les Celtes. Mais que peut-on attendre d’un barde dont le nom sonne comme « assurance tous risques »? Le nom déjà donne à entendre qu’il n’est pas respecté ainsi que l’étaient ses modèles historiques. Tandis qu’on leur obéissait en temps de paix comme en temps de guerre, Assurancetourix même n’a pas la permission de chanter. Cependant, il répond d’une tâche considérable, l’éducation des enfants du village. Il leur enseigne les mathématiques, l’histoire et la musique. Même si l’on ignore les disciplines des Gaulois anciens, cet horaire semble raisonnable.
Le barde occupe une autre position importante, il fait partie du conseil municipal avec Abraracourcix, le chef, et Panoramix, le druide. Ils prennent des décisions et ils rendent la justice. Normalement, Astérix leur expose un problème (la trouvaille d’un bébé, par exemple), Panoramix donne des explications supplémentaires, Assurancetourix exprime son opinion et Abraracourcix finalement décide sans vraiment considérer ce que les autres ont dit. En fait, la vie politique d’une tribu gauloise se déroulait d’une manière un peu plus compliquée, mais les personnages qui y participent dans la BD, le chef, le druide et le barde, le faisaient autrefois aussi.
Passons de la fonction à l’apparence du barde. Assurancetourix correspond le mieux à un Gaulois historique. Sa taille surmonte celle du Romain ordinaire. Il a les cheveux blonds qu’il peigne en arrière. On trouve souvent cette coiffure dans les textes anciens qui traitent des Celtes, contrairement aux tresses d’Obélix et de beaucoup d’autres villageois qu’on ne trouve nulle part. Assurancetourix porte des vêtements authentiques, un pantalon, une cape et une chemise. Cette dernière est ornée de carreaux bleus et blancs. C’est une manière de se vêtir que les Gaulois aimaient bien. Un autre détail frappe le lecteur: Les vêtements portent les couleurs du drapeau français, bleu, blanc et rouge. Le dessinateur montre ainsi encore une fois la relation particulière entre les Français et leurs ancêtres, les Gaulois.
L’instrument dont Assurancetourix se sert s’appelle la lyre. Elle ressemble à celle d’une statuette qu’on a trouvée près du village d’Astérix. Cet instrument était gravé sur des pièces de monnaie d’environ 50 avant Jésus-Christ aussi. Donc la lyre du barde est dessinée conformément à la vérité. Si on le laissait faire, il accompagnerait avec elle des chants de louange ainsi que des chansons satiriques. Il présenterait les actions héroïques des grands chefs, les travaux des guerriers courageux et les événements légendaires. Mais malheureusement Cétautomatix, le forgeron, ou le « fils d’Astérix » lui-même l’empêchent toujours de chanter.
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MessageSujet: "le fils d'astérix" : l'armée romaine   "le fils d'astérix" : le village gaulois Icon_minitimeDim 28 Jan - 18:46

Les légionnaires romains et leurs armes
Ayant traité les Gaulois de façon étendue, il faut maintenant s’occuper de leurs adversaires, les Romains. Le lecteur les rencontre principalement en tant que légionnaires. On en trouve la raison facilement: la Gaule vient d’être conquise par César. Les civils viendront plus tard. Donc c’est plutôt l’armée qui nous intéresse.
La force militaire des Romains se base sur la légion. Cette unité se compose d’environ 6000 soldats, dont une majorité de fantassins lourds, les légionnaires. Chaque légion dispose aussi de troupes à cheval qu’on ne voit guère dans les bandes dessinées de Goscinny et Uderzo. Les auteurs montrent l’armée romaine comme uniforme et constituée de membres échangeables. Les Gaulois, par contre, représentent des individus qu’on peut bien distinguer. Contrairement aux Romains, ils provoquent la sympathie du lecteur qui les connaît parce qu’ils apparaissent dans chaque album. Les légionnaires qui ne jouent leur rôle que dans peu d’images n’ont pas cette possibilité.
Sympathiques ou non, les soldats romains doivent tolérer une inspection de leur équipement en ce qui concerne son authenticité. Leurs casques, par exemple, n’appartiennent pas à l’époque d’Astérix. On n’a produit des casques avec des couvre-joues et des couvre-nuques qu’à partir du Principat, c’est-à-dire quelques décennies après la mort de César. Les coiffures que ses légionnaires portaient ressemblaient à des calottes hémisphériques. On les qualifie de « type Mannheim ». Par ailleurs, les anneaux ridicules sur les casques des fantassins dessinés ne constituent pas des produits de l’imagination de l’auteur. On les utilisait pour attacher des plumets. Bien sûr, on n’avait pas un tel casque sur la tête sans panache.
Les soldats romains de la BD sont en avance sur leur temps. La cuirasse segmentée avec laquelle ils se protègent a été inventées dans les années 20 du Ier siècle après Jésus-Christ. Donc ils la portent 70 ans avant son invention. En fait, les combattants de cet époque portaient une cotte de mailles. Cette cuirasse est formée de milliers d’anneaux en fer et inspirée par les armures celtiques du IIIe et du IIe siècle avant notre ère. C’est elle (et non le type segmenté) qui demeure la cuirasse principale des légionnaires pendant tout l’Empire romain.
Les centurions et les officiers supérieurs portent encore une autre cuirasse, dite la cuirasse musclée. Elle représente en métal le torse de son porteur. Autant qu’on sache, elle n’est pas utilisée avant le Haut-Empire et donc ne fait pas partie de l’époque césarienne. Mais on ignore son apparence précise parce que malheureusement, les archéologues n’en ont trouvé aucune. Par conséquent, il n’est pas possible de juger de l’authenticité des cuirasses musclées dessinées par Uderzo.
L’armement des légionnaires correspond à la réalité historique. Ils emploient des javelots (les pila), des glaives courts (les gladii) et des boucliers rectangulaires (les scuta). Mais les Romains disposent aussi d’armes plus grandes. Notamment leur artillerie joue un rôle important pour le village gaulois dans cet album. En particulier la catapulte romaine (bien qu’on lui donne un autre nom) incendie le chez-soi de nos Gaulois. Mais leurs ennemis utilisent encore d’autres armes de siège: la baliste, la carrobaliste (une baliste plus grande et sur roues), l’onagre (une petite catapulte) et le scorpion (le modèle intermédiaire). Une grande différence existe entre l’artillerie historique et celle de la BD: les légionnaires réels la transportaient en pièces sur des animaux de bât, ceux d’Astérix doivent la tirer eux-mêmes. L’un d’entre eux décrit ce qu’ils font: « C’est un travail de Romain ça! »

Les camps romains
Si l’on parle des Romains du monde d’Astérix, il faut absolument traiter ceux qui habitent les quatre camps retranchés autour du village. Les camps portent des noms qui semblent bien romains au premier coup d’œil: Petibonum, Laudanum, Babaorum et Aquarium. En les regardant plus précisément, on reconnaît vite qu’ils n’ont pas du tout des noms authentiques. Un aquarium est un réservoir à parois de verre dans lequel on garde des poissons et des plantes aquatiques, donc un endroit où des légionnaires n’aimeraient pas faire leur service. Peut-être préféreraient-ils manger un baba au rhum, un gâteau à pâte légère imbibé d’eau-de-vie qu’on prononce exactement comme Babaorum. Il est aussi possible qu’ils aient parfois besoin de laudanum, une teinture alcoolique d’opium somnifère, par exemple quand ils ne supportent pas les ronflements de leurs voisins de lit. Mais ils ne voudraient travailler ni dans un flacon de soporifique ni dans un petit bonhomme (Petibonum), c’est-à-dire dans un corps humain.
La construction des camps jouait un rôle important pour les légionnaires. En chemin, ils en élevaient un chaque jour. Après avoir marché toute la matinée, ils commençaient à construire à midi. Au début, on determinait la position de la tente du commandant et, partant d’elle, celle des fossés, des portes et des autres tentes. Puis, on creusait la tranchée et remblayait le rempart dont le camp était entouré. Sur ce rempart, on montait une palissade. L’armée apportait les pieux nécessaires elle-même. Finalement, les légionnaires dressaient leurs tentes. À la page 24 de la BD, Uderzo a dessiné ces opérations. Seulement une différence se fait remarquer: les troupes de Brutus doivent couper des arbres parce qu’ils ne disposent pas de pieux.

Brutus
Parlons maintenant de Marcus Junius Brutus, le personnage qui menace le « fils d’Astérix » dans la bande dessinée. Il est né, selon la majorité des historiens, en 85 avant Jésus-Christ. Parmi ses ancêtres, on trouve deux tyrannicides renommés, Lucius Junius Brutus, le fondateur de la République romaine, et Servilius Ahala, le meurtrier de Spurius Mœlius qui a aspiré à la dictature. César divise sa famille: la mère de Brutus, Servilia, est son amante, son oncle Caton (aujourd’hui surnommé Caton d’Utique) est l’un des adversaires les plus dangereux du conquérant de la Gaule.
Brutus fait des études à Athènes. En 58, il travaille comme assistant de Caton qui a été chargé d’incorporer Chypre, gouverné par l’oncle de Cléopâtre, à l’Empire romain. Pendant ce temps-là, Brutus agrandit sa fortune en tant que prêteur. Cinq ans plus tard, il obtient un poste de questeur en Cilicie, une province en Asie. Au sénat, il supporte les optimates (le parti de Caton) contre César et Pompée. Pendant la guerre civile, il lutte avec Pompée qui est devenu le leader des optimates. Après la défaite de Pharsale, Brutus demande grâce à César qui montre sa clémence proverbiale en le pardonnant. Le césarien nouveau devient même l’un des confidents les plus proches du dictateur.
Entre 48 et 46, Brutus administre les Gaules comme préfet. Le fait que « Le fils d’Astérix » se joue en 46 qu’on prouvera plus tard empêche l’existence simultanée d’un préfet Épinedecactus. Quoi qu’il en soit, Brutus devient préteur deux ans plus tard et César lui promet le consulat pour l’année 42. Mais son protégé fait des projets différents. Craignant que le dictateur veuille restaurer la royauté, il se joint à une conspiration menée par son beau-frère Cassius. Aux ides de mars 44, il assassine César avec les autres conspirateurs. Les héritiers du grand général, Marc-Antoine et Octavien, pourchassent Brutus et Cassius. Ils les battent décisivement à Philippes. Après sa défaite, Marcus Junius Brutus se suicide. Il n’est âgé que de 43 ans.
Est-il le fils de César ou non? Épinedecactus le nomme ainsi à la page 21 de la BD. Mais en fait Brutus n’est ni le fils ni le fils adoptif de Jules César. La paternité biologique est réfutée aisément: son prétendu père n’a que 15 ans lorsque Brutus naît et la relation amoureuse entre Servilia et César ne commence pas avant les années 60. Une adoption n’a pas eu lieu non plus. Le testament du dictateur ne s’occupe pas de Brutus qui hériterait d’une grande partie de sa fortune s’il était vraiment son fils adoptif.
C’est ce testament de César qui pose le problème le plus grave pour l’intrigue dans « Le fils d’Astérix ». Il ne tient pas compte de Césarion. Par conséquent, son enlèvement n’aide pas Brutus à devenir l’unique héritier de César. Mais il vise ce but-là si l’on peut croire les explications de Cléopâtre à la page 47. La seule solution pour réconcilier la fiction avec la réalité historique consiste en la falsification des dernières volontés césariennes. Si Fulvia, la troisième épouse de Marc-Antoine, n’a pas trouvé mais écrit le testament de César, tout ce qui se passe dans la BD devient possible. Mais aurait-elle falsifié un testament qui était si favorable à Octavien et dans lequel son mari n’héritait de rien? Sûrement pas.
Reste son physique qu’Uderzo présente d’une manière fortement différente des sources antiques. Le visage du Brutus historique n’a rien de brutal, contrairement à celui de son pendant dessiné. En plus, César décrit lui-même son ami comme maigre et faible. Le vrai Brutus se distinguait donc profondément de cet homme grand et musclé tel que représenté dans la BD. Mais la version astérixienne de ce personnage joue son rôle de scélérat beaucoup mieux que celle que les historiens connaissent. Ici, le côté fictif a triomphé de la réalité historique.

Épinedecactus
Il n’est pas surprenant d’apprendre qu’il n’y a jamais eu un préfet des Gaules qui s’appelait Épinedecactus. Évidemment, le nom vient de l’expression « l’épine du cactus ». Il appartient à ces noms pseudo-romains dans les bandes dessinées de Goscinny et d’Uderzo qui ne servent qu’à ridiculiser les Romains.
Le préfet aide Brutus à trouver le petit Césarion parce que le futur assassin de César lui a promis un poste de sénateur à Rome. Cette promesse évoque une question importante: est-il possible qu’Épinedecactus devienne sénateur? Normalement, on peut l’affirmer. Les membres du sénat étaient d’anciens magistrats et c’étaient d’anciens consuls et préteurs, donc d’anciens magistrats, qui devenaient préfet d’une province.
Déguisé en nourrice, le préfet se nomme Rosaépine. Comme tous les Romains déguisés essayant d’entrer dans le village d’Astérix au cours des albums, il n’abandonne pas totalement son nom mais garde le mot « épine ». Rosaépine fait allusion à une plante aussi, elle représente, proprement écrite, « la rose à épines ».
La caractéristique la plus frappante de cette fausse nourrice, ce sont les chansons qu’elle chante pour apaiser le bébé. Le lecteur français remarque tout de suite, le lecteur étranger peut facilement deviner, qu’il ne s’agit pas du tout de chansons antiques. En effet, l’auteur a essayé de rendre antique des chansons bien françaises. « Tiens, voilà du boudin » à la page 33, par exemple, est la marche d’une légion, mais d’une légion qui n’est pas vraiment romaine, de la Légion étrangère.
Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin
Pour les Alsaciens, les Suisses et les Lorrains,
Pour les Belges, il n’y en a plus (bis)
Ce sont des tireurs au cul ;
Pour les Belges, il n’y en a plus (bis)
Ce sont des tireurs au cul.
Le chant suivant, à la page 34, ressemble fortement à une chanson paillarde, « Le grand défilé ». On voit aisément ce qu’Albert Uderzo a fait. Il a remplacé quelques mots par d’autres qui font penser à l’antiquité romaine et voilà un chant guerrier de 50 avant Jésus-Christ.
Traîne pas mon cousin
Prends ta b*** à deux mains mon cousin
Nous partons en guerre
Contre les putains du quartier latin.
Traîne pas légionnaire
Prends ton pilum à la main mon cousin
Nous partons en guerre
Contre les Germains.
« Le rêve passe », une chanson de 1906 qui glorifie les armées de Napoleon Ier, a été traitée de manière équivalente à la page 35: les hussards sont devenus les cohortes et les dragons ont été remplacés par les légions. Le refrain de « Le rêve passe » est indiqué là-dessous:
Les voyez-vous,
Les hussards, les dragons, la Garde,
Ils saluent tous
L’empereur qui les regarde.
La chanson de Rosaépine est un peu différente:
Les voyez-vous, les cohortes, les légions, la garde...
Après avoir entendu ce chant-là, Astérix demande à la fausse nourrice qui lui a appris à chanter de cette manière. Elle répond qu’elle a travaillé dans un camp romain où on l’appelait la mamelon de la légion. Bien sûr la chanson suivante fait allusion à ce surnom. Pour atteindre ce but, l’auteur a changé « La Madelon », écrit par Louis Bousquet et composé par Camille Robert en 1914.
Quand Madelon vient nous servir à boire
Sous la tonnelle on frôle son jupon
Et chacun lui raconte une histoire,
Une histoire à sa façon.
La « Mamelon de la légion » ne doit que laisser tomber Madelon en faveur d’elle-même:
Quand Mamelon vient nous servir à boire...
Rosaépine s’est occupé des guerres napoléoniennes, elle a chanté la guerre de 14, maintenant il est grand temps de se proposer un chant de la deuxième guerre mondiale. En fait, Uderzo a choisi la marche du corps expéditionnaire africain qui luttait à cette époque, « Les Africains » de Felix Boyer:
C’est nous les Africains
Qui arrivons de loin
Nous venons des colonies
Pour sauver la Patrie.
Il est clair que la nourrice du « fils d’Astérix » ne pense pas aux Africains quand elle loue de grands soldats. Pour elle, c’est son propre peuple qui arrive de loin pour battre les Gaulois:
C’est nous les braves Romains qui arrivons de loin...
Le répertoire de Rosaépine comprend des chansons supplémentaires. Pendant la nuit qui tombe à la page 36, elle semble se souvenir qu’elle travaille pour des Gaulois. Pour masquer les cris du bébé, elle entonne le chant national savoisien dans lequel une tribu gauloise joue un rôle important:
Allobroges vaillants!
Dans vos vertes campagnes
Accordez-moi toujours asile et sûreté,
Car j’aime à respirer
L’air pur de vos montagnes
Je suis la Liberté, la Liberté.
C’est en chantant que le préfet deguisé s’enfuit. À cette occasion, il interprète une marche lorraine dont Jules Jouy et Octave Pradel ont écrit les paroles et Louis Ganne a composé la musique:
Fiers enfants de la Lorraine
Des montagnes à la plaine
Sur nous plane, ombre sereine
Jeanne d’Arc, vierge souveraine!
Bien sûr, il ne manque pas de lui donner un texte un peu plus « antique »:
Fiers enfants de la Romaine...
Albert Uderzo a créé pour Rosaépine des chansons qui se révèlent très amusantes pour le lecteur qui connaît les originaux auxquels l’auteur fait allusion. Mais les allusions échappent à ceux qui ignorent les modèles dont il s’est servi où qui lisent une version traduite de cet album d’Astérix.
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MessageSujet: "le fils d'astérix" : et sa vraie famille   "le fils d'astérix" : le village gaulois Icon_minitimeDim 28 Jan - 18:47

Césarion, le « fils d’Astérix »Césarion, le fils de César et Cléopâtre, voit le jour le 23 juillet 47 avant Jésus-Christ. Sa mère lui donne le nom de Ptolémée César. Les Alexandriens l’appellent Césarion (un surnom qui veut dire « petit César »). Entre la fin de l’été ou l’automne de 46 et avril 44, il habite dans la maison de son père à Rome avec sa mère et son oncle Ptolémée XIV. Après l’assassinat de César aux ides de mars 44, Cléopâtre, Césarion et Ptolémée retournent à Alexandrie où ils arrivent en juin ou juillet. Ce dernier meurt peu après. Césarion lui succède en tant que roi d’Égypte sous le nom de Ptolémée XV (le XVème, pas le XVIème du nom comme indiqué dans la bande dessinée).
Les surnoms (les noms qu’il porte pour se distinguer des autres quatorze Ptolémées) du petit roi sont Philopator (« qui aime son père ») et Philometor (« qui aime sa mère »). Comme il n’a que trois ans, c’est sa mère Cléopâtre qui exerce le pouvoir. En 41, les triumvirs Marc-Antoine et Octavien acceptent Césarion pour roi. Plus tard, devenu époux de Cléopâtre, Marc-Antoine provoque Octavien en reconnaissant Césarion comme roi parce qu’il est le fils de César. En 30, après la défaite et les suicides de Marc-Antoine et Cléopâtre, Octavien fait tuer Césarion qui, étant le fils naturel de César, pourrait lui contester l’héritage de son père.
Bien qu’il n’ait pas beaucoup influencé la politique de son époque, il joue un rôle important pour l’analyse de la BD à laquelle il a donné son nom. C’est lui qui permet d’indiquer très précisément la date des événements qui y ont lieu. Comme il sait déjà aller à quatre pattes, mais pas encore à pied, il doit avoir environ un an. En partant de sa date de naissance, on découvre que « Le fils d’Astérix » se joue au début de l’été de l’année 46 avant notre ère. Donc l’indication de 50 avant Jésus-Christ sur la carte au commencement de la bande n’est pas entièrement exacte.
Les cheveux du petit Césarion soulèvent une question quant à sa descendance. César et Cléopâtre, ses parents, ont tous les deux la chevelure noire. Comment leur enfant peut-il être blond? L’usage de cette couleur improbable tient à deux raisons différentes. L’une est liée au titre de l’album: Un fils d’Astérix doit avoir les cheveux de son père. Bonemine ne pourrait pas le soupçonner de la paternité d’un enfant qui ne lui ressemble pas du tout. L’autre raison est d’ordre esthétique. Beaucoup de monde considèrent un bébé blond comme plus doux qu’un petit qui a les cheveux d’une autre couleur.

Cléopâtre, sa mère
Cléopâtre VII, la fille du roi d’Égypte, Ptolémée XII Auletes (« le flûtiste »), est née en 69 avant Jésus-Christ. Malheureusement, les historiens ignorent qui l’a mise au monde. On sait aussi très peu de choses sur son enfance. A l’automne 52, la jeune Cléopâtre devient co-reine de son père qui meurt peu après. Le testament de Ptolémée XII partage le pouvoir entre sa fille et son fils Ptolémée XIII Philopator Philadelphe (« qui aime sa sœur »). Cléopâtre arrive à régner seule très tôt, mais son frère s’empare du trône à l’aide de quelques dignitaires de cour. En 49, ils délogent la reine qui s’enfuit à la frontière syrienne et essaie de regagner son pouvoir. Elle atteint ce but grâce à Jules César qui est allé en Égypte à la recherche de son rival Pompée. Les Romains vainquent Ptolémée XIII qui reste sur le champ de bataille. Cléopâtre devient reine à nouveau et son frère cadet, Ptolémée XIV, assume la fonction de roi. A l’été 47, Césarion est né, le résultat d’une affaire galante entre Cléopâtre et le dictateur romain. Un an plus tard, la reine se rend à Rome avec son frère et son fils pour habiter chez César. Leur hôte fait ériger une statue de son amante incarnant Aphrodite au temple de Vénus, son ancêtre légendaire (la gens Julia se regarde comme descendante d’Iule, le fils d’Énée et donc le petit-fils de la déesse de l’amour). Mais leur bonheur ne dure pas.
Après l’assassinat de César, Cléopâtre et les siens quittent Rome pour retourner à Alexandrie. Ptolémée XIV meurt peu après et Césarion lui succède comme roi. Sa mère commence une relation amoureuse avec le césarien Marc-Antoine dont trois enfants naissent, Alexandre Hélios, Cléopâtre Séléné et Ptolémée Philadelphe. Le triumvir leur donne des territoires romains, un acte qui ne plaît pas du tout à Octavien. L’héritier de César déclare la guerre à Cléopâtre en 32. Son général Agrippa bat les troupes de la reine d’Égypte et de son amant à Actium. Marc-Antoine et, une douzaine de jours plus tard, Cléopâtre se suicident.
Les amants puissants de cette femme permettent de s’interroger sur son apparence physique. La réponse à cette question n’est pas du tout facile. Dans ce contexte, le développement de sa beauté constitue un fait remarquable. Apparemment, elle a grandi avec chaque année qui passait depuis la mort de Cléopâtre. Mais cette évolution signifie-t-elle qu’en vérité, la mère de Césarion n’était pas jolie ou même laide? Les images contemporaines ne permettent pas d’en juger définitivement. Il y a des portraits sur lesquels son nez connu ressemble à celui d’une sorcière dans un conte de fées ainsi que des images qui montrent une fille avec un petit nez retroussé. Quoi qu’il en soit, sa beauté suffisait pour séduire deux des Romains les plus puissants de son époque.
Traitons enfin de la vraisemblance de la présence de Cléopâtre. Est-il possible qu’elle entreprenne un voyage en Gaule sans que les chroniqueurs nous en informent? Quand on tient compte de sa vitesse de croisière (son voyage d’Alexandrie à Rome dure trois mois), un séjour dans le village d’Astérix paraît très improbable. Mais si elle y était allée, elle aurait utilisé une voiture comme celle dans la bande dessinée. Déjà son ancêtre Ptolémée II se faisait voir sur une voiture pareille qui était tirée par 180 hommes.

César, son père
Jules César, le grand adversaire d’Astérix, voit le jour à Rome le 13 juillet 100 avant Jésus-Christ. Son oncle Caius Marius a réformé l’armée romaine et l’a ouverte aux pauvres. C’est à cause de lui que César fait partie des populares (les hommes politiques qui supportent les plébéiens et luttent contre les optimates qui favorisent le gouvernement du sénat) bien qu’il descend d’une famille patricienne. Le jeune César reçoit une bonne éducation et se montre doué pour la littérature. En 84, il épouse Cornelia, la fille du consul Cinna qui appartient aux populares. Elle donne naissance à une fille, Julia. Sylla, le leader du parti des optimates, retourne à Rome deux ans plus tard, devient dictateur et exige que César divorce d’avec la fille de son ennemi. César refuse et doit, banni, s’enfuir à la montagne. Sa mère et quelques parents à elle parviennent à convaincre Sylla de laisser revenir César.
En 73, il devient pontife (l’un des grands prêtres de Rome) et tribun militaire. Sa mère et sa femme meurent en 69, l’année où César commence sa carrière d’honneurs en tant que questeur en Espagne. César se marie une deuxième fois avec Pompeia. En 63, il est élu Grand Pontife (prêtre supérieur). L’année suivante, il devient préteur et divorce de Pompeia. Après sa préture, César administre l’ouest de l’Espagne, la province Hispania ulterior. Retournant à Rome, il forme le triumvirat (avec le puissant Pompée et le riche Crassus) qui lui permet d’obtenir le consulat de 59. Quand l’autre consul, Bibulus, ne fait guère son devoir, la plèbe parle du « consulat de Julius et de Caesar ».
Ayant noué des liens familiaux avec Pompée en lui donnant en mariage sa fille Julia, César part pour la Gaule qui l’occupera pendant les années suivantes. Il lutte contre les Helvètes et les Suèves sous Arioviste, il bat les Belges et conquiert la Bretagne, la patrie d’Astérix. Le général César mène des campagnes en Normandie et en Aquitaine, il traverse le Rhin et la Manche. En 51, la Gaule est conquise. Le dernier soulèvement, dirigé par Vercingétorix, échoue à Alésia. Le proconsul victorieux publie un rapport sur la guerre des Gaules qui porte le titre peu surprenant de « De Bello Gallico ».
Le combat continue, mais maintenant les Romains luttent entre eux. Pompée et beaucoup de sénateurs s’enfuyent en Grèce. César bat les pompéiens et gagne le pouvoir sur l’Italie et l’Espagne. En 48, il vainc Pompée à Pharsale. En fuite, le perdant est tué en Egypte. César y passe quelques mois avec la reine Cléopâtre à qui il rend le trône et avec laquelle il engendre un fils, Césarion. Avant qu’il ne retourne à Rome, il bat le roi Pharnace en Asie. Il résume sa victoire de la manière la plus brève: « Veni, vedi, vici.» (Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu.) En 45, César a aussi triomphé des derniers pompéiens. Peu après, le sénat le nomme dictateur perpétuel. Le pouvoir extraordinaire de César fait craindre aux républicains traditionnels qu’il aspire à la royauté. Aux ides de mars 44, soixante conspirateurs, dont Brutus, assassinent le dictateur au sénat.
Mais dans la BD, il vit encore et on n’en voit pas la fin. Donc sa vie dessinée soulève une question. Le César dans les aventures d’Astérix, ressemble-t-il à son pendant historique? De par ses vêtements, en effet. Il existe une grande statue de lui portant une cuirasse et un manteau de général comme Uderzo l’imagine. Le dictateur avait aussi le droit de toujours porter les lauriers. Ainsi il pouvait couvrir la partie chauve de sa tête. Le César de la bande dessinée n’a pas de calvitie, mais il est affublé d’un nez crochu. Or le nez de son modèle antique semblait, quant à lui, tout à fait normal et peu frappant.
Bien que le nez les différencie, ils ont une qualité en commun, la clementia caesaris proverbiale. Dans la BD, César non seulement inflige une punition assez clémente à Brutus, mais il ordonne aussi la reconstruction du village de ses ennemis gaulois. Quant aux futurs développements, notamment de son assassinat, il aurait peut-être dû réfléchir en ce qui concerne sa première décision. A un Brutus emprisonné, il n’aurait pas dit encore une fois: « Tu quoque, fili! » Or, César se répétait quelquefois, comme l’a dit un homme sage.
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MessageSujet: "le fils d'astérix" : conclusion   "le fils d'astérix" : le village gaulois Icon_minitimeDim 28 Jan - 18:49

La fiction et la vérité dans l'épisode "Le fils d’Astérix"
Pour conclure, la BD « Le fils d’Astérix » s’appuie bien plus sur des faits historiques que l’observateur superficiel ne l’imagine. Son auteur, Albert Uderzo, a entrepris des recherches approfondies pour assurer un maximum d’authenticité. Donc, la vérité historique ne doit pas le céder au côté fictif. Quant à l’intrigue, il faut admettre qu’il profite de sa liberté artistique. A vrai dire, Brutus n’a aucune raison d’enlever le petit Césarion. En outre, une telle manière d’agir ne lui ressemble pas. Bien que l’assassinat de César induise autre chose, Brutus a plutôt l’air d’un philosophe que d’un criminel.
Mais quoi qu’il en soit, j’aime bien cette BD et je souhaite que le lecteur de cette analyse ait pu ressentir un peu de cet amour.

Ce texte et toutes les informations contenues sont extrait de cette page : http://fr.wikibooks.org/wiki/Ast%C3%A9rix
Merci à l'auteur pour son fabuleux travail.
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