Gendarme
La maréchaussée, devenue la gendarmerie en 1791, quadrille le territoire depuis des siècles. Leur devoir ? Mettre de l’ordre dans les campagnes, punir les braconniers et les contrebandiers, arrêter les voleurs, les assassins ou les incendiaires... Le bicorne est devenu képi mais les missions sont toujours là.
Participer aux opérations de policeLes gendarmes interviennent militairement et obéissent aux ordres des autorités judiciaires, quels que soient ces ordres. Sous la Révolution, ils assurent la levée en masse des recrues pour les armées, recherchent les déserteurs et traquent les prêtres réfractaires.
Cette obéissance absolue à la loi leur vaut parfois d’être très mal vus. Pour les missions que l’on vient de citer par exemple, mais aussi à la fin du XIXème siècle, lorsque la révolution industrielle va entraîner des mouvements sociaux, leur rôle de briseurs de grèves et de manifestations leur vaut d’être perçus comme des mercenaires à la solde du patronat. Les romanciers, qui sont les défenseurs des exploités, des vaincus, condamnent le gendarme. Une image négative se fait jour dans la littérature. Le fameux bicorne devient le symbole d’un ordre imposé, asséné avec une violence toute militaire.
Après la chute du Second Empire, il devient la cible préférée des fauteurs de désordre, de ces républicains qu’il a pourchassés sur ordre, dans les cabarets et les réunions publiques pendant près de vingt ans.
Lors de la Première Guerre mondiale, malgré leurs exploits aux combats, on gardera aussi d’eux l’image de celui qui arrête les déserteurs, traque les tire-au-flanc et réprime les mutineries.
Lutter contre braconnage et brigandageLes campagnes, qui vivent dans la terreur du vagabond ou des bandes de "chauffeurs", apprécient pourtant le gendarme qui les rassure lorsqu’il lutte contre les brigands, les voleurs, les forçats évadés ou les assassins.
Ses interventions sont moins bien vues lorsqu’il se mêle des affaires de chasse. Le braconnage est alors fréquent et les gardes champêtres ferment les yeux. Les fermiers et les artisans ne comprennent pas pourquoi on les tracasse pour quelques sorties en forêt qui ne causent de torts qu’aux lapins et aux perdrix. Pourtant, les peines prévues sont assez lourdes et les délits peuvent être constatés mêmes dans des propriétés fermées. On imagine la popularité du gendarme qui verbalise la nuit un fermier posant des collets dans son propre champ !
Aider les populationsPourtant, leur présence diffuse sur l’ensemble du territoire a de nombreux effets positifs. En demeurant au village, en multipliant les patrouilles dans les hameaux, les visites dans les fermes, en surveillant les bois et les chemins, les gendarmes s’intègrent à la vie campagnarde et en partagent les épreuves. Ils constituent pour la population locale des recours toujours présents... et les catastrophes ne sont pas rares.
Sauver une personne qui se noie, se dévouer lors des incendies, en l’absence de casernes de pompiers, prévenir les accidents de montures, rattraper des bêtes d’attelage emballées... tout cela leur vaut des décorations, de l’admiration et l’amitié du paysan.
Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Les métiers d’autrefois, de Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean, Archives et Culture.