Instituteur
Chaque ville, chaque village voit apparaître au cours du XIXème siècle un nouveau personnage : l’instituteur. Redingote noire, petites lunettes et règle à la main, voici le hussard noir chargé d’éduquer toute une classe d’âge à la citoyenneté républicaine…
De l’an I des instituteurs...L’instituteur naît de la Révolution française. Les membres du clergé étant bannis, leurs écoles sont par contrecoup fermées et l’analphabétisme va considérablement augmenter. Seul l’État semble en mesure de relancer l’éducation de la population, nécessaire selon les républicains pour que les nouvelles institutions se maintiennent. Des écoles normales se multiplient, assurant la naissance d’une nouvelle "caste", celle des instituteurs.
Dès le début de la Révolution, les grands principes qui sont toujours aujourd’hui à la base de notre système éducatif se dessinent sur les bancs de l’Assemblée : gratuité, laïcité, obligation. La gratuité est promue par Talleyrand. La laïcité a pour champion Condorcet, puis Romme. Lepelletier plaide pour l’obligation.
Mais il y a loin entre dire et faire : l’épuisement des caisses de l’État, le manque de salles de classe, leur insalubrité ou encore les réticences des familles pauvres pour lesquelles l’envoi d’un enfant à l’école représente un manque à gagner... mettront un frein à ces évolutions. Il faut attendre la IIIème République et les lois de Jules Ferry pour que l’école républicaine moderne voit le jour. La loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État achève cette révolution.
Instituteur, un sacerdoce ?Malgré l’importance accordée par la République aux instituteurs, ceux-ci vivent souvent dans une grande misère. Leur traitement demeure si bas que de nombreux instituteurs sont obligés d’effectuer un autre métier en parallèle. Bien qu’officiellement interdit, la pratique du double métier est tolérée en raison de la précarité reconnue du métier.
Pour arrondir leur fin de mois, les instituteurs offrent leurs services aussi bien aux églises qu’aux communes. Sacristain, fossoyeur, secrétaire de mairie : voilà autant de métiers jumelés à celui d’instituteur. Il n’est pas rare qu’un instituteur soit également paysan, artisan, parfois arpenteur-géomètre.
Pour remédier à ces conditions difficiles et à l’image misérable de la profession, l’Empire puis la Restauration mettent en place une échelle de promotion et créent diverses primes, médailles et distinctions honorifiques.
Sous la IIIème République, les conditions de vie et de travail des instituteurs s’améliorent. La généralisation de l’enseignement et l’accroissement des moyens accordés par l’État à l’Éducation nationale transforment le métier. S’opère alors une multiplication du nombre d’instituteurs, passant du statut d’instituteurs communaux à celui d’instituteurs d’État. Le métier est désormais entré dans la fonction publique.
Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Les métiers d’autrefois, de Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean, Archives et Culture.