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 Socrate

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chaton
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chaton


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MessageSujet: Socrate   Socrate Icon_minitimeJeu 31 Mai - 21:46

Socrate, l'initiateur



Le père de la philosophie naît à Athènes en 469 av JC. et sera mis à mort par les démocrates en 399. A travers les "Dialogues" de Platon, son disciple, on le voit inventer la dialectique, "science des hommes libres".

On a pu dire de Socrate qu'il était le premier "individu" de l'histoire de la pensée occidentale. Né en 469 av JC, il ne laisse cependant aucun é&écrit, et les traces du vrai Socrate seront tôt recouvertes par le chromos idéalisés qu'en donnent ses disciples. Antisthène, fondateur du courant cynique, en fait une sorte de va-nu-pieds intransigeant. Xénophon, un moraliste sans ombre. Mais c'est bien sûr le Socrate des vingt-six "Dialogues" de Platon qui triomphe pour l'histoire. Un Socrate souterrain, insaisissable, ambigu, ébranlant tous le faux savoirs par son ironie cinglante. Lorsque Platon, tout jeune homme issu de la plus haute aristocratie athénienne, l'approche vers 410 av JC, on ne sait presque rien de ce fils de sage-femme, qui fut dit-on l'élève d'Anaxagore. Face aux sophistes, ces maîtres étrangers qui monnaient l'éducation de l'élite sous le règne de Périclès, il revendique un très étrange savoir. Lui, au moins, "ne croit pas savoir ce qu'il ne sait pas". C'est là le trait révolutionnaire de la méthode socratique, qui fera basculer toute la conception grecque de la sagesse.

Les opinions des hommes recouvrent une ignorance qui s'ignore, c'est de cela que Socrate se veut le révélateur, renonçant à spéculer sur la nature de l'univers comme le faisait les anciens Eléates. En se confiant au discours pur, à la rationalité du logos, chacun peut découvrir les failles surprenantes que les idées les plus communément admises recèlent, et se purger des fausses valeurs. Aux valeureux Nicias et Lachès, deux généraux adulés qui s'étaient distingués contre Sparte, Socrate montre par exemple que le courage, vertu athénienne capitale, n'est qu'une témérité dangereuse si elle ne s'accompagne pas de la connaissance de ce qui est vraiment bon pour l'homme.

Véritable raie torpille qui paralyse l'interlocuteur dans ses propres contradictions, il impose le silence aux braillards, dégonfle les fats, déstabilise les "importants". A certains d'entre eux il parvient à inspirer un désir inconnu, celui d'une vie vraiment soucieuse d'elle-même. Un désir qui, avec Socrate, trouve pour la première fois un nom dans l'histoire : la philosophie.

"Une vie qui ne se met pas d'elle-même à l'épreuve ne mérite pas d'être vécue", lui fait dire Platon dans l'"Apologie". Au-dessus des intérêts de la Cité, Socrate place le souci de soi, c'est-à-dire de son âme. Au-dessus des idées majoritaires ou des autorités reconnues, le raisonnement adéquat. Une idée médiocre, qu'elle soit énoncée par un rhéteur renommé, un dandy thessalien parfumé ou un puissant général reste une idée médiocre. La philosophie naît ainsi en tant qu'exhortation à ne se laisser impressionner ni par la meute ni par les soi-disant experts, et à se fier à son seul libre examen. Autant de nouveautés perçues comme dangereuses dans le monde grec, et qui scelleront la perte de Socrate.

Très tôt, le personnage inquiète. Excentrique, déroutant, inclassable (atopotatos), il aborde les Athéniens de tous âges et de toutes conditions. Il leur parle de forgerons, de cordonniers, d'ânes bâtés, et ses exemples triviaux indisposent les aristocrates raffinés qui paradent sur l'agora. A en croire Diogène Laërce, cela lui vaudra même des coups, sans qu'il sans émeuve. "Si c'était un âne qui m'avait frappé, lui intenterais-je un procès?" Sa laideur physique attestée est, elle aussi, perçue comme le symptôme inquiétant d'un renversement des valeurs hellènes. Bedaine, narines dilatées, yeux exorbités d'écrevisse, son physique de démon hybride fascine et dérange comme sa philosophie. Qu'un tel satyre puisse être le charmeur des consciences des jeunes athéniens, à commencer par le très bel Alcibiade, il y a là de quoi perturber sérieusement le canon grec. "Il est significatif que Socrate ait été le premier Grec illustre qui ait été laid", commente laconiquement Nietzsche.

Dans "les Nuées", présentées pour la première fois dans le théâtre de Dionysos en 423 av JC, Aristophane raille sa suspicion maniaque envers le sens commun, son goût jugé pour le courage de concepts en quatre. On y voit un Socrate plongé dans les vues si fumeuses qu'il n'a pas le temps de se laver, et vit dans une maison infestée de vermine. Pourtant, Socrate ne se rengorge pas outre mesure de son anticonformisme et ne brandit pas plus que ça l'étendard de la pauvreté. A Antisthène, arborant complaisamment une loque minable en guise de manteau, il lancera : "C'est la vanité que j'aperçois à travers les trous de ton manteau." Nul besoin du tapage des Cyniques pour Socrate, sa seule vie suffit à infliger une cuisante gifle aux mœurs de l'époque. Tourner le dos aux débats politiques, fuir les affaires d'argent, mépriser les triomphes oratoires, tout ça pour potiner dans les coins sur le plaisir ou la mort? Voilà qui n'est digne ni d'un homme ni d'un athénien, assure le sophiste Calliclès dans "Gorgias".

Une cité plus frustre eût peut-être traité Socrate comme un radoteur quelconque, Athènes lui intentera un procès. S'agissant d'un homme que la Pythie avait publiquement loué à Delphes comme "le plus sage d'entre tous", le cas n'est certes pas banal. Suspecté d'impiété, c'est en tant que maître de perdition pour la jeunesse qu'il est condamné à mort par les démocrates en 399av JC. Alors que la cité empile les désastres politiques et militaires, l'anti-intellectualisme et le repli conservateur qui suivent la défaite du Péloponnèse dictent ce verdict exceptionnellement sévère. Condamné à boire la ciguë par 281 votes contre 221, Socrate renonce à fuir. Manière de se soumettre qui fut sa manière de résister.


"Soyez sûrs que je m'attacherai à vous, comme un taon, pour vous exhorter à soigner vos âmes"
Platon, "Apologie de Socrate"
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