Compagnon du tour de France
Les compagnons du Tour de France constituent la plus ancienne association ouvrière en activité. Si la légende les fait naître au moment de la construction du temple de Salomon à Jérusalem, 900 ans av. J.-C., les archives historiques attestent leur existence avec certitude au XVème siècle.
Le départ pour le Tour de France au XIXèmeLes compagnons représentent les métiers les plus divers, du tailleur de pierre et du charpentier au confiseur, du mécanicien au menuisier jusqu’au bottier. Laurent Bastard, conservateur au musée du Compagnonnage de Tours a retracé leur parcours professionnel type.
Après trois ans, un jeune apprenti a environ dix-sept ans connaît les bases de son métier. Parmi ses camarades d’atelier se trouvent des compagnons qui ont accompli le Tour de France dans leur jeunesse et décèlent chez lui les aptitudes nécessaires. Il est réceptif, courageux, honnête : pourquoi ne partirait-il pas sur le Tour rejoindre la grande famille des compagnons ?
Le départ ne se fait pas au hasard des chemins. Les compagnons savent où conduire leurs pas, car il leur est vital de connaître leur plus proche destination, gage d’accueil fraternel et d’embauche.
Les auberges des MèresLe Tour de France est ponctué d’auberges tenues par des Mères choisies par les compagnons en raison de leurs qualités humaines et de la commodité des locaux. Ces auberges sont situées à trente ou quarante kilomètres les unes des autres (l’étape d’une journée à pied) soit dans des "villes bâtardes", où l’on ne conserve pas de règlement, soit dans des "villes de boîte" où sont déposées les "règles du Devoir" et où l’on procède à la réception rituelle des aspirants.
Le compagnon peut s’écarter un peu du parcours prévu tout autour de la France pour travailler dans des villes de moindre importance, mais il doit nécessairement, pour être en règle, s’arrêter dans une ville de boîte avant d’en atteindre une autre, faute de quoi il est déclaré "brûleur" et mis à l’amende.
C’est chez la Mère que les jeunes aspirants et les compagnons de passage prennent leurs repas et dorment. C’est aussi chez elle qu’ils se réunissent le dimanche pour traiter des affaires de leur société, réunions strictement réglementées où les aspirants ne sont pas admis.
La réception comme compagnonEtre reçu compagnon, c’est être reconnu comme frère, jouir des mêmes droits mais aussi être assujetti aux mêmes devoirs. Le titre se mérite. S’il entraîne la considération des autres ouvriers, c’est qu’il suppose la maîtrise du métier, une conduite exemplaire dans le travail, envers le "bourgeois" comme envers les compagnons et même dans la vie privée. Point de voleurs, de débauchés et de paresseux chez les compagnons !Les trois temps forts de la cérémonie de réception sont le serment de respecter le Devoir et de garder le silence sur le contenu de la réception ; le baptême symbolique qui marque le passage de l’aspirant à l’état de compagnon, avec attribution d’un surnom ; enfin l’exposition d’une représentation du maître fondateur (maître Jacques, Salomon ou le Père Soubise selon les métiers).
Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Les métiers d’autrefois, de Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean, Archives et Culture.