Employé d'église
Sacristains, bedeaux ou suisses, chantres et enfants de chœur sont autant de personnages oh ! combien pittoresques qui animent les églises. Véritables chevilles ouvrières de la grand’messe paroissiale et de sa pompe, ils font partie du paysage familier des générations d’autrefois.
Des "employés d’église"Au siècle dernier, la législation des fabriques, les traités d’administration des cultes considèrent les sacristains, bedeaux, suisses, chantres... comme des employés ou serviteurs d’église. Leur nomination ou révocation et leur rémunération relèvent des fabriques, c’est-à-dire d’une sorte d’association de clercs et de laïcs chargés de la gestion financière de l’église paroissiale. Composées de cinq à neuf membres élus ou nommés (dont le curé et le maire qui sont des membres de droit), elles sont dirigées par un ou plusieurs marguilliers. Ces fabriques sont officiellement supprimées par la loi de 1905 dite de séparation des Églises et de l’État. On leur substitue des associations culturelles, aux attributions modifiées.
Les employés comme les sacristains ou les chantres, par exemple, sont en principe rétribués pour leur service d’église. Mais les études précises sur le sujet font défaut . En réalité, leurs fonctions comme leur rémunération dépendent des contraintes matérielles locales. Le nombre d’employés varie aussi beaucoup d’une église à l’autre.
Des paroisses modestes peuvent se satisfaire d’une seule personne pour aider au choeur, chanter au lutrin, sonner les cloches, etc. D’autres possèdent tout un personnel : un sacristain, un ou plusieurs chantres au lutrin, un suisse, un sonneur... La grand’messe peut réquisitionner cinq ou six adultes de sexe masculin. Et ce noyau d’employés peut s’amplifier les jours de grandes cérémonies. Ailleurs encore, un sacristain, pensionné, invalide ou retraité, sert d’homme à tout faire du curé, voire de la commune. Son service d’église est compensé par un hébergement ou quelques dons en nature, avec une faible rétribution.
Cependant, quelles que soient les paroisses, une fonction cultuelle comme celle de chantre est rarement une activité salariée monopolisant un individu à plein-temps.
Une sous-cléricature de villageSous l’Ancien Régime, ces employés, notamment le chantre, occupent en même temps la fonction de maître d’école. Ces écoles sont généralement petites et l’éducation religieuse y est prioritaire. La lecture s’y apprend souvent à partir des textes des offices. Les fonctions d’enseignement des magisters ne prennent sens, aux yeux de l’institution confessionnelle (ici catholique), que rapportées à la religion. Ces magisters doivent enseigner entre autres le plain-chant.
Le calembour au lutrinLe chantre a pour fonction de chanter pendant les services religieux. Mais, comme il n’a souvent qu’une éducation sommaire, il a parfois du mal à apprendre par coeur les répertoires latins. Il utilise des techniques de mémorisation qui ne sont autres que des calembours, parfois volontairement mis en place comme tels ! Et les chantres de village se transmettent ces techniques en même temps que leur fonction.
Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Les métiers d’autrefois, de Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean, Archives et Culture.