Médecin

Si le médecin est aujourd’hui un personnage important, nos ancêtres se sont pendant des siècles passés de lui, se contentant, lorsqu’ils étaient malades, des recettes de la voisine, du prêtre ou du rebouteux. Et, s’ils faisaient appel à lui, ils le payaient souvent en volailles ou en légumes…


L’enseignement de la médecine avant 1789
Jusqu’au XIXème siècle, on ne trouve en France que trois facultés de médecine : Paris, Strasbourg et Montpellier. Sous l’Ancien Régime, les études sont longues, très coûteuses et sévèrement réglementées. Les vrais médecins sont rares. Il est plus facile - mais moins prestigieux - d’être chirurgien et de ne soigner que les plaies externes : chirurgien portant robe longue ou chirurgien-barbier portant robe courte (jusqu’à ce que Louis XIV les sépare et interdise aux barbiers d’exercer acte médical).
Une première grande réforme est apportée par Louis XIV. Il souhaite ne faire qu’une seule discipline des deux matières (médecine et chirurgie) et, puisqu’il lui est impossible d’obtenir des médecins qu’ils s’abaissent à apprendre la chirurgie, il fait enseigner la médecine aux chirurgiens. La création d’une Académie de chirurgie est un premier pas qui permet rapidement de faire d’eux les égaux des médecins, d’abord en savoir, ensuite en prestige. La réforme des études et des examens vient ensuite permettre le progrès scientifique de la discipline.


La médecine sous la Révolution
Il reste cependant beaucoup à améliorer lorsqu’arrive la Révolution. Mais en deux ans (1792-1793), le nouveau gouvernement fait table rase de l’ancien système : disparus les collèges, disparues les communautés de chirurgiens, les corporations d’apothicaires, disparues les facultés de médecine et les sociétés savantes. Même les hopitaux sont vendus et il suffit de payer une patente pour avoir le droit d’exercer comme médecin ! Inutile de dire que les charlatans se multiplient et que la nouvelle législation ne dure pas longtemps. Les trois anciennes écoles de santé (Paris, Strasbourg et Montpellier) sont réorganisées dès 1795 et le doctorat est rétabli. Les sciences expérimentales y sont à l’honneur.


Des médecins au rabais ?
Une nouvelle catégorie de médecins est cependant créée en parallèle, pour remédier à l’insuffisance du nombre d’élèves formés chaque année. À côté des "grands" qui ont suivi des études encore chères (1 000 à 1 500 F par an), on instaure un corps d’officiers de santé, praticiens "de second rang" qui ont réussi un examen après trois ans d’études (environ 200 F par an) ou cinq ans de pratique dans un hôpital ou six ans d’apprentissage chez un docteur. Mais ils ne peuvent exercer en dehors de leur département et ils doivent obtenir l’assistance d’un docteur "véritable" pour les opérations importantes. Le docteur Bovary, décrit par Flaubert, est l’un de ces officiers de santé si nombreux au XIXème siècle.
Les honoraires sont totalement libres, liés à la réputation du praticien, à la gravité de la maladie... et à la fortune du patient. Le médecin est trop souvent "un brave homme actif et dévoué, plein de zèle et de charité pour le paysan, qui le paye en coups de chapeaux, en volailles, œufs frais, et légumes... quand il le paye".



Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Les métiers d’autrefois, de Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean, Archives et Culture.