Métiers de la croisière
Ah, l’époque mythique des grands paquebots transatlantiques ! Ils sont autant chargés de rêves que d’argent... À leur bord, tout un équipage d’une extrême diversité, dont certains métiers propres à la croisière, se plie en quatre pour l’agrément des passagers.
Des débuts hasardeuxSi les bateaux à vapeur existent dès le début du XIXème siècle, ils mettront du temps à s’imposer : jusqu’en 1870-1880, la flotte française - qu’elle soit marchande ou militaire - reste dominée nettement par les voiliers. Les bateaux à roue à aube, lourds, bruyants, crachant leur fumée noire, ont du mal à s’imposer face aux gracieux et vifs clippers et goélettes... Ce n’est qu’en 1885 que les bateaux à vapeur atteignent, au total et dans le monde entier, un tonnage équivalent à celui de la marine à voile.
Les tout premiers paquebots transatlantiques français sont créés dans les années 1860 par la Compagnie générale transatlantique (la "Transat") ; ils sont construits pour moitié en Écosse (où les chantiers navals sont beaucoup moins chers), pour moitié en France dans les chantiers que l’entreprise fait créer spécialement à Saint-Nazaire. Le Washington, monstre de fer de 105 m de long propulsé par machine à vapeur alimentée au charbon, peut atteindre 12 noeuds et est lancé du Havre en 1864. Il est suivi du Lafayette et de l’Europe.
L’age d’or des steamersPartout dans le monde, la vapeur domine, que ce soit pour le fret, les passagers ou les services postaux. C’est le début des grandes compagnies qui deviendront célèbres, symbole de luxe et de prestige : les anglaise P&O et White Star Line, la française TRansat, l’américaine Cunard... La décoration est étonnante : lambris d’acajou et de bois laqué, vitraux au plafond, colonnades, corniches, lits à baldaquin, tapis épais, tables de marbre, dôme de verre au-dessus de la salle à manger.
Les paquebots s’agrandissent sans cesse, la vitesse de traversée s’améliore, les liaisons deviennent fréquentes et régulières, et les paquebots sont désormais appelés liners. Dans les années 1890, on met moins de cinq jours pour traverser l’Atlantique, dans des paquebots dotés de tout le confort électrique.
Luxe ou misèreÀ leurs origines puis au cours du XXème siècle, les paquebots ont aussi servi à transporter les émigrants pauvres vers les États-Unis. Jusqu’au milieu du XIXème siècle, ils ne servent même qu’à transporter, dans des conditions d’espace et d’hygiène épouvantable, sur des entreponts de couchettes alignées, les émigrants vers New York. La seconde moitié du XIXème siècle les voit remplacés par une clientèle fortunée, essentiellement des Américains venant en longues vacances en Europe, puis des Européens. Les paquebots acquièrent leur réputation de luxe inouï. Puis, à la fin du XIXème siècle, sont créées les secondes et troisièmes classes, qui permettent à des gens peu aisés de s’offrir la traversée.
Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Mers et Marins en France d’Autrefois, Archives et Culture.