Mytiliculteur

Avec sa coque bleue irisée de nacre, la moule est célébrée et recueillie par des générations de pêcheurs à pied. Pourtant, son élevage intensif est une pratique récente, du début du XXème siècle. Quant au mytiliculteur moderne, il combine savoir-faire anciens et outils plus modernes.


L’héritière d’une civilisation du coquillage
Pendant la préhistoire des pêches, la moule est déjà utile aux hommes du Néolithique, chasseurs-cueilleurs, pour racler les peaux à fourrure et décorer les poteries, avant que d’être consommée. Elle a aussi été utilisée comme un ustensile de cuisine par les premières civilisations littorales de pêcheurs à pied.
Cette civilisation du coquillage trouve une relève avec les éleveurs de moules originaires de Charente-Maritime : ils font de ce bivalve commun une ressource d’élevage intensif, dont la production annuelle avoisine aujourd’hui en France les 100 000 tonnes. C’est de loin le coquillage le plus consommé en France et dans le monde.


Une forme d’aquaculture en eau salée
Les techniques de culture sont différentes selon les types de littoraux. Dans les estrans à faible marée, on utilise des cordes en mer ou sur tables, où les moules grossissent dans des filets tubulaires.
Dans la Manche, les bouchots représentent la méthode la plus développée sur des kilomètres de pieux, enfoncés en ligne droite dans la vase par les "cultivateurs de la mer". Le naissain recueilli sur les pieux collecteurs en grappe ou en "poque" (léger filet) va être ensuite déposé dans un clayonnage de pieux semblables mais d’un diamètre plus fort pour supporter la charge de la future récolte. Il faudra néanmoins attendre deux ans pour que ces "arbres en mer" portent leurs fruits mûrs, des moules bleues, irisées de nacre.
L’origine des bouchots serait due à un voyageur irlandais, Patrick Walton qui, après avoir fait naufrage en 1235, dans l’anse de l’Aiguillon, fit souche dans le pays. Il remarqua que les filets qu’il avait tendus entre deux perches sur l’estran, pour capturer des oiseaux marins, se couvraient de moules au printemps. C’est ainsi qu’il devint l’un des premiers boucheleurs.
Les moules de parcs sont élevées sur le sol, retrempées, triées et lavées avant expédition dans des établissements agréés.
Le métier de mytiliculteur moderne est un métier très récent, apparu un siècle après les premiers parqueurs d’huîtres de la baie de Cancale, qui, eux, datent du milieu du XIXème siècle.



Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Mers et Marins en France d’Autrefois, Archives et Culture.