Orpailleur
À l’aube du XXIème siècle, chercher de l’or dans le lit des cours d’eau est un sport que certains - peu nombreux - pratiquent encore. Pendant plusieurs siècles, les orpailleurs trouvent là un revenu d’appoint, mais si irrégulier que le métier disparaît peu à peu au XIXème siècle.
Première méthode : la batéePour chercher de l’or, la batée est la technique la plus répandue et la plus ancienne que l’on connaisse. Elle a été longuement observée en Ariège par le baron de Dietrich en 1786. Il la décrit en ces termes :
" [Les chercheurs d’or] font usage de trois instruments [...], à savoir :
- d’une pelle montée en crochet, qu’ils nomment
andusa. Ils emploient la même pelle à mettre dans la gressane (ou gressale) le gravier menu et le sable ;
- la
gressane ou
gressale, espèce de plat en bois d’un pied et huit à neuf pouces de diamètre, évasé, de manière qu’au centre il y a environ trois pouces et demi de profondeur. C’est dans ce plat qu’ils mettent les cailloux et le sable ensemble. Ce plat étant rempli, ces hommes vont nu-pieds à quelques pas dans la rivière ou le ruisseau. Ils commencent à mettre leur plat sous l’eau, et remuent d’une main la terre contenue dans le plat et en retirent les cailloux [...]. Ils impriment à l’eau un mouvement de rotation, de manière que les parties les plus légères soient entraînées vers le fond, et que les plus pesantes se réunissent au centre ; ils décantent le surplus de cette eau lentement, en donnant toujours un petit mouvement de rotation. Il reste au centre du plat un sable quartzeux contenant des paillettes d’or très visibles et plus ou moins grandes ; alors, ils font couler un filet d’eau dans le plat, avec lequel ils font entrer le sable aurifère lavé dans la scudelle ;
- la
scudelle est une petite écuelle de bois, dans laquelle on verse [...] le sable lavé ; et lorsque le sable y est, on en fait écouler l’eau. L’humidité de ce sable fait qu’il se fixe au fond, de manière que ces gens mettent leur petite écuelle toute ouverte dans leur poche, sans que le sable en sorte."
Les chercheurs d’or mettent parfois du mercure dans le sable lavé, afin qu’il amalgame l’or en une gouttelette. Une fois distillée, la gouttelette restitue le mercure par condensation et laisse à l’orpailleur d’or une pépite d’or, prête à être vendue.
Seconde méthode : la planche à laverAncêtre de l’actuelle rampe de lavage avec moquette, le
sluice cher aux Californiens de la ruée vers l’or, la planche à laver se compose d’une simple plaque de bois déposée sur un socle légèrement incliné.
La planche est faite de deux parties, l’extrémité supérieure et l’extrémité inférieure. Celle-ci est recouverte d’un tissu et d’une couche de grosse laine. Ainsi, on verse le contenu de la
batée sur la partie supérieure, où restent les plus grosses particules d’or, et les plus infimes paillettes sont retenues plus bas, dans la laine étendue sur la partie inférieure de l’appareil ; on utilise ensuite le mercure, comme pour la méthode précédente.
Une gravure du milieu du XVIème siècle illustre cette technique de travail élaborée.
Cependant, la planche à laver semble avoir déserté nos contrées plus rapidement que la batée.
Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Les métiers d’autrefois, de Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean, Archives et Culture.