Pêcheur plongeur

Sur les rivages méditerranéens, la pêche au corail et à l’éponge est une activité de longue date… Mais pour les mythiques perles, c’est du côté de la Polynésie française qu’il faut aller chercher ! Pour des produits de luxe, un métier vraiment rude…


Pêcheurs d’éponges
Les éponges du pourtour de la Méditerranée sont récoltées depuis l’Antiquité. S’il en existe 5 000 variétés dans le monde, seule une dizaine sont commercialisables ; il s’agit précisément des éponges des mers tempérées chaudes (Méditerranée, Caraïbes…). Utilisée pour des usages domestiques ou industriels quand elle est grossière (spongia officinalis), l’éponge sert à la toilette des élégantes dès le XIXème siècle quant elle est dite "fine" (hippospongia communis). Pêchée à l’origine à faible profondeur, à pied ou à l’aide d’un crochet, elle est ensuite récoltée par plongée en apnée depuis un bateau. Le plongeur se leste avec une grosse pierre pour atteindre le fond et "embroche" les éponges sur une pique ou un trident. En Méditerranée, les goélettes de pêcheurs d’éponges font parfois, vers 1900, jusqu’à 26 m de long et embarquent une vingtaine de plongeurs. Français et Grecs montent des expéditions qui durent plusieurs mois sur les côtes d’Afrique du Nord, pendant la belle saison.
Après récolte, il faut préparer l’éponge brute, noirâtre et malodorante : sur le pont du bateau, elle est piétinée pour en enlever un liquide blanchâtre, le "lait". Puis on attache les éponges le long d’un fil qui est mis "à la traîne" derrière le bateau ; ce rinçage violent en extraie les derniers tissus vivants. À terre, elles sont encore rincées pour en ôter les débris calcaires, et souvent retaillées aux ciseaux avant d’être vendues.


Pêcheurs de corail
Très répandu en Méditerranée, le corail se divise en de nombreuses variétés ; le plus recherché est le corail rouge, dit "or rouge". En Polynésie, il existe d’autres types de corail, dont les villageois font des bijoux.
Désormais interdite, sa pêche est autrefois assez répandue sur les côtes des Alpes-Maritimes, mais aussi en Corse et en Provence. Elle est alors pratiquée surtout par plongée depuis un bateau, et plus rarement, au XIXème siècle et au début du XXème siècle, avec la "Croix de Saint-André". Cet engin, un filet fixé à une lourde barre d’acier, est traîné sur les fonds marins et arrache toute la faune sans sélectivité, détruisant aussi le récif corallien… Cette technique désormais interdite avait pour seul avantage de n’être pas dangereuse et de permettre de travailler très profond.
En Corse, la pêche au corail est pratiquée depuis l’Antiquité ; pendant la Renaissance, les Corses passent des traités avec les Génois pour leur autoriser cette pêche, dans la région de Bonifacio, alors nommée mer de Figari. Les Ligures arrivent avec leurs petites barques à voiles et envoient des plongeurs depuis les bateaux, en échange de services et d’écus donnés au seigneur de Bonifacio.
En France, Marseille est le cœur économique de la pêche au corail : dès le XVIème siècle, y est créée la Nostra Compagnia della pesca di coralli da Buona.



Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Mers et Marins en France d’Autrefois, Archives et Culture.