Verrier
Transformer le sable en verre pourrait figurer parmi les tours de magie, mais il s’agit simplement du métier de verrier.
De la vitre au miroir, le verre, à l’origine produit de luxe, s’impose peu à peu dans la vie de tous les jours et révolutionne les habitudes de chacun…
Un nouveau matériau : le verreL’art de confectionner du verrre se répand à travers l’empire romain au premier siècle de notre ère. À l’aide d’un pot, de minéraux et d’un four, on découvre la possibilité de fabriquer une multitude d’objets plus raffinés que les traditionnelles
poteries.
Cette nouvelle industrie nécessite la proximité d’une quantité importante de combustible pour alimenter des fours indispensables à la fonte du sable. C’est pourquoi les premières verreries sont établies à l’orée des forêts. Ces fours sont de formes cylindriques. Au sommet, la coupole est percée d’un trou que l’on peut fermer à volonté afin d’agir sur le tirage. Le pot, également appelé creuset, est placé au centre de ce four, au-dessus du foyer.On chauffe le four plusieurs semaines, parfois jusqu’à un mois, aussi longtemps que le pot peut résister (il est façonné pour qu’il ne se fissure pas à l’intérieur du four). Une fois qu’il est devenu rouge-blanc, on y verse le sable ou les déchets de verre.
Après quelques heures, on obtient une pâte de verre molle, qu’il faut purifier et débarrasser de ses bulles. Elle refroidit et s’épaissit pendant trois heures : c’est là que le verrier exerce ses talents.
L’art du verrier Le verrier a pour mission de modeler ce nouveau matériau encore informe. Armé d’une canne, simple tige de fer creuse plus ou moins renflée, il saisit une boule de verre fondu appelée paraison. Le verre fondu entré en contact avec le métal froid se rigidifie,
tandis qu’autour s’enroule la masse visqueuse, que le verrier s’emploie à ne pas faire tomber en ne cessant de tourner sa canne.
En vingt secondes, la paraison se refroidit considérablement. Elle prend l’aspect d’une boule presque régulière. À ce moment-là, le verrier souffle délicatement dans sa canne pour faire apparaître une bulle, qu’il allonge ou élargit à volonté. Cette bulle, appelée ébauche, détermine la forme du futur objet.
S’il s’agit d’une cruche, le verrier doit alors confectionner une anse. Il l’obtient à partir d’un peu de verre fondu étiré, qu’il coupe avec des ciseaux de fer. D’une puissante pression, il la relie ensuite à la cruche. Il ne lui reste qu’à former un bec et à séparer la cruche de la canne. Un morceau de bois et une goutte d’eau déposée sur le point de contact entre l’outil et la réalisation suffisent à achever le travail.
Une dernière opération consiste à recuire la réalisation, afin d’harmoniser la température au rouge sombre, puis de la laisser refroidir lentement en lui faisant passer la nuit sur des petits foyers de braises. Le lendemain, l’objet lavé apparaît léger et transparent.
Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Les métiers d’autrefois, de Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean, Archives et Culture.